Un peu d'histoire      

         

          Au XVe, la seigneurie de Charras appartenait à Jean de PLOUER, écuyer, seigneur de Claix dont la fille Marie de PLOUER épousa le 25 janvier 1493 François de la LAURENCIE qui devint seigneur de Charras. A la demande de ce dernier et par lettres patentes de mars 1519, François 1er autorisa à Charras la création de quatre foires annuelles (et un jour de marché par semaine), foires qui furent supprimées pendant les guerres de religion puis rétablies en 1609 par Henri IV.

 

         La famille de la LAURENCIE, une des plus considérables de la Charente, conserva le marquisat jusqu'à la Révolution. La plupart des membres de la famille émigrèrent. Le marquis de Charras, retenu par la maladie ne put suivre mais il ne fut pas inquiété à 1'encontre de sa femme Anne Jeanne ROËTTIERS de la CHAUVINERIE et sa soeur Marie de La LAURENCIE CHARRAS qui périrent sur l'échafaud.

 

            Au XIXe siècle, le domaine ne semble guère habité. Charles DARAS signale qu'il fut incendié vers 1850. Alcide GAUGUIE en 1865, dans sa "Charente communale illustrée" parle d'un "logis solennel de style Louis XIV, avec à l'entrée une belle grille en fer forgé et un portique". Il semble que l'"ancien parterre dessiné à la Le NÔTRE et qui précédait le logis" ait été remplacé par un "jardin anglais avec pelouses, corbeilles de fleurs variées, sans harmonie avec l'édifice". Selon ce même auteur, les caves du château auraient été construites en vue de servir de réservoirs d'eau nécessaires dans cette zone aride. Il signale également les toiles du salon "excellentes toiles appartenant à l'école italienne".

 

           En 1914/1917, J. MARTIN-BUCHEY, dans sa "Géographie historique et communale", précise que le château érigé au XVIIe près de l'église, tombait en ruine mais il fut restauré par M. de SAINT-ALARY, propriétaire, qui y fit de grandes réparations et restitua son caractère primitif.

 

        En 1992, la SARL Maisons Belles Epoques a acheté le domaine pour le revendre en copropriété avec le projet d'une "restauration" définitive des bâtiments ainsi qu'une restitution du jardin.

 

Le château

 

           Le cadastre Napoléonien montre le château en fond de cour, corps de logis rectangulaire accosté de deux pavillons relié à une aile en retour d'équerre au sud. Des bâtiments isolés et dissociés du corps de logis se trouvent au nord de la cour.

 

         Partant du chevet de l'église, une ferme de plan en U forme une cour à laquelle on accède par un chemin situé entre l'aile sud du château et un deuxième bâtiment en longueur encastré dans des maisons du village près de la façade ouest de l'église. A l'est de la ferme une deuxième bâtisse de plan allongé communique avec la tour carrée, d'origine médiévale, aujourd'hui isolée de ce qui est devenu une orangerie.

Charras Charente bâtiments et parc du château de Charras selon le cadastre de 1833 - ferme du château de Charras - orangerie du château de Charras
................... bâtiments et parc du château de Charras selon le cadastre de 1833 .................

         La ferme se limite à deux ailes en équerre tandis que le logis a perdu ses pavillons et se trouve séparé de l'aile sud. Le bâtiment au nord de la cour est resté alors que les constructions qui se trouvaient à l'arrière ont disparu.

 

          Le parcellaire du jardin est resté identique sur les deux cadastres.

 

          Les pièces correspondant aux trois terrasses successives à l'Est du logis adoptent les mêmes dispositions sans qu'apparaissant dessinés les escaliers, les murs de clôture, le bassin. L'ensemble occupe une large portion de terrain de forme plus ou moins ovoïde, cerné de chemins, avec, à son extrémité septentrionale : une chapelle et un cimetière.

 

 

            Ces parcelles sont aujourd'hui en cours de défrichement ou en prairies. Seules deux allées subsistent dans l'axe du logis et, partant de la dernière terrasse vers le nord. Il s'agit d'allées de tilleuls. Le tout est ceint de murs et le château est précédé d'un portail : porte cochère sans couvrement au bord de la route, mur percé d'un portail en plein cintre orné d'une grille ouvragée vers la cour et, de l'autre côté de la route : un troisième portail et une clôture entourant le "parc de Charras", propriété de la commune, aujourd'hui.

 

 

          Le château est également précédé d'une double clôture, la première, le long de la route ornée de grilles et de bahuts, la deuxième : mur plein sommé d'une balustrade, partant du portail jusqu'aux bâtiments bordant la cour. La cour au devant du logis est une simple pelouse qui a conservé encore quelques fusains et arbres.

 

           A l'Est du logis, nous retrouvons les murets de clôture avec leurs piliers ou des balustrades. Le terrain a été aménagé en trois terrasses successives. Des escaliers latéraux à volée droite conduisent à la deuxième terrasse de même qu'un escalier à volées convergentes dans le mur duquel se trouve une niche avec une coquille sculptée. La deuxième terrasse est occupée en partie par un bassin en ciment.

 

         L'escalier qui conduit à la terrasse inférieure est en U à volées doubles à montées parallèles. Entre les volées, une grotte en rocaille et ciment a été aménagée. Cette dernière terrasse est entourée d'un muret de soutènement avec piliers. Elle s'ouvre sur une allée de tilleuls par un escalier à volée droite.

 

          Un escalier de vaste proportion se trouve en outre le long de la deuxième terrasse, côté nord. Plus haut, vers la route se voit la clôture d'un ancien potager avec château d'eau.

 

           La tour de plan carré sommée d'une toiture en pavillon est entourée d'un mâchicoulis sous couronnement.

 

       Si les dépendances (orangerie, ferme) n'ont pas grand caractère, les ailes qui précèdent le logis ont gardé une empreinte XVlle. Les toitures à pan brisés (ardoise et tuile creuse) sont éclairées de lucarnes aux frontons alternativement cintrés et triangulaires. Les ouvertures sur cour ont été reprises au XXème siècle. Les murs sont en moellons apparents. Le logis de plan rectangulaire compte sept travées rectangulaires sur cour et sur jardin. La pierre de taille est présente aux entourages des baies, bandeaux, fronton cintré aux armes de la LAURENCIE dans l'axe médian et en partie centrale sur cour. Les élévations enduites sont en moellon.

 

         Une balustrade ceint la toiture plate. Un bel escalier en pierre tournant à droite avec rampe d'appui et balustres rampants et deux salons lambrissés au rez-de-chaussée sont à relever dans ce logis qui est en cours de travaux.

 

(Extraits du rapport sur la protection au titre des Monuments Historiques des jardins du château de Charras - juin 1992)