Charras - Charras d'hier et d'Aujourd'hui - Eglise fortifiée - tableau - Sainte Famille - tableau béni le 26 novembre 1771 par Jean FLEURAT curé de CHARRAS
La Sainte Famille (ca 1770)
Charras - Charras d'hier et d'Aujourd'hui - Eglise fortifiée - tableau - St Vivien - évêque - François NICOLLET peintre charentais 1762-1833
Saint Vivien, évêque - tableau de François NICOLLET.
Charras d'Hier et d'Aujourd'hui - Charras - 16 - église - église fortifiée - église St Vivien - tableau la descente de croix - Léon FAURE - d'après P.P. RUBENS
L'adoration des mages - 1858 - d'après RUBENS - tableau de Léon FAURE
Charras - Charras d'hier et d'Aujourd'hui - Eglise fortifiée - tableau - Les pélerins d'Emmaüs - d'après TITIEN - Clément PRUCHE -
Les pélerins d'Emmaüs d'après TITIEN - tableau de Clément PRUCHE - 1858
Charras - Charras d'hier et d'Aujourd'hui - Eglise fortifiée - tableau - La descente de Croix - d'après Eugène LE SUEUR - Jean-François Auguste LAUGIER
La descente de Croix tableau de Jean-François Auguste LAUGIER d'après Eugène LE SUEUR

Visite de l'église de CHARRAS

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Elément majeur de notre patrimoine communal, l'église est, parmi les rares églises fortifiées de Charente, celle qui présente un système de fortifications des plus complets et des mieux conservés.

 

 

L'église

 

L'église date du Xème siècle pour la nef et du XIIème pour l'abside. Dédiée à Saint Vivien que l'on fête le 28 août, elle était commune à la paroisse et à un prieuré dépendant de l'abbaye de FIGEAC.

 

Saint Vivien est né à SAINTES, au 4ème siècle, d'un père païen et d'une mère chrétienne. Renonçant très vite aux honneurs du monde, il fut élevé au sacerdoce par Saint Ambroise à qui il succéda au siège épiscopal.

 

C'était une période troublée. Théodoric 1er, roi des Wisigoths d'Espagne à qui l'Empereur Honorius dut abandonner l'Aquitaine, prit TOULOUSE pour capitale et répandit sur la province hérésie et persécution. Il couvrit le pays de ruines et de sang et emmena captifs à TOULOUSE tous les notables de SAINTES, donnant à ses officiers leurs terres et leurs trésors.

 

                Saint Vivien ne pouvant les abandonner décida de partager leur sort et, après un périlleux voyage, il réussit à radoucir le cœur du barbare par son humilité et ses supplications et à obtenir la délivrance de ses diocésains. Il revint à SAINTES en leur compagnie et eut le bonheur, avant de mourir, de voir achevée la basilique qu'il élevait en l'honneur de Saint Pierre.

 

Extérieur de l'église

 

            La première impression qui se dégage de l'église est son caractère massif, imposant : par la hauteur des murs aveugles renforcés de contreforts, couronnés de mâchicoulis formant chemin de ronde et par l'absence d'ouverture autre que le portail en façade.

 

            Au cours de la guerre de Cent Ans, les châteaux se raréfièrent, brûlés par les Anglais ou démantelés par le roi pour éviter qu'ils ne tombent aux mains de l'ennemi. Les églises devinrent des centres de résistance et le refuge de la population. De par sa position sur un massif de collines dominant la Charente, entourée des forêts d'Horte et de La Rochebeaucourt, l'église méritait une défense renforcée. Elle fut donc transformée aux XIVème et XVème siècles en véritable bastion et subit quelques assauts.

           

Les murs ont été surhaussés de plus de 4 m. et toutes les parties de l'édifice moins le clocher munies d'une ligne de mâchicoulis formant chemin de ronde, montés sur des consoles et des pilastres que réunissent de petits arcs surbaissés et, dans les parties refaites, des traverses horizontales.

 

L'austérité de la façade n'est troublée par aucune autre ouverture que le portail à trois voussures brisées, sans colonnette. Le portail a été refait en partie sous l'administration de Jean LARUE, syndic fabricien, de 1756 à 1769.

 

Deux logettes disposées aux angles de la façade permettent d'accéder au chemin de ronde surmontant les murs gouttereaux.

 

Les murs de la nef ont, dans le bas, des arcades aveugles (arcs de décharge) partant de contreforts doublés. Au sud, se trouve la cage rectangulaire de l'escalier à vis.

 

Des contreforts ont été élevés pour consolider l'ensemble. Ceux du clocher, à l'ouest sont carrés, ceux qui sont appliqués à l'abside sont un peu moins importants et amortis en glacis.

 

Le clocher servait de donjon. Le haut a été abattu. Ses deux étages subsistent seulement au sud où trois arcades aveugles surmontées d'élégantes baies à colonnettes le décorent.

Intérieur

            L'église a gardé son plan de l'époque romane. Elle est disposée toute en longueur, et composée d'une nef unique voûtée en berceau brisé. Le faux carré sous le clocher est couvert d'une voûte sur croisée d'ogive et le chœur, recouvert d'une voûte en berceau se prolonge par une abside en cul de four, semi-circulaire à l'intérieur, pentagonale au dehors.

 

Des arcs doubleaux à deux rouleaux sur colonnes à dosseret (pilastre saillant qui supporte une colonne engagée) divisent la nef en quatre travées inégales.

 

            Le faux carré est pris entre deux travées plus étroites. Il communique au sud avec la chapelle de la Vierge, chapelle charpentée qui a été créée entre deux contreforts au XIXème siècle et qui sert de sacristie.

 

L'église porte encore les traces des assauts qu'elle a dû subir. Ainsi  le mur nord, calciné, laisse apparaître des parements éclatés, des pierres brûlées, rognées, cuites par le feu. Des traces noires d'un enduit en partie basse des murs dans la nef pourraient correspondre à une campagne de restauration au XVIIème siècle, après un incendie survenu lors des Guerres de Religion.

 

            Le sol lui-même a été surélevé par les décombres des différents incendies. Des sondages réalisés au droit des piliers ont révélé la présence d'un banc des pauvres et les vestiges du dallage ancien situé à – 73 cm du dallage existant, lequel est posé sur une épaisse couche de mâchefer.

 

Sur ce sol surélevé, de nouvelles bases ont été établies au XIXème siècle pour les demi-colonnes de pierre surmontées de chapiteaux à décor végétal sur lesquelles reposent les arcs doubleaux de la voûte. Auparavant, de grandes arcades en plein cintre définissaient latéralement les travées.

 

L'agencement intérieur résulte d'une grande campagne de restau-ration entreprise entre 1875 et 1898 au cours de laquelle les murs de la nef et la voûte avaient été doublés de murs de brique qui ont été supprimés lors de la dernière restauration, dans les années 2000.

 

A gauche, dans le chœur, une porte (rebouchée aujourd'hui) a été ouverte au XVIIème siècle par le seigneur de CHARRAS pour lui permettre d'entrer du château dans l'église. Denis RIVET, curé, après protestation, finit par l'accepter le 11 janvier 1639, sur ordre formel de l'évêque qui se laissa circonvenir.

               

Mobilier

          L'ornementation de l'église (tableaux, meubles, vitraux...) résulte soit des dons des fidèles (individuels ou associations), soit de la volonté du Conseil de Fabrique qui en a financé l'acquisition.

 

Un des plus anciens encore visible dans l'église est la piscine ou lavabo, petite cuve destinée à recevoir l'eau qui a servi aux baptêmes ou à la purification des objets sacrés, située à droite du choeur. Elle date du XVème.

 

L'armoire et le vestiaire actuels ainsi que le meuble haut posé dessus dans la sacristie, ne datent que de la fin du siècle dernier. Ils furent acquis sur des fonds de l'Etat à la suite d'une demande de secours du Conseil Paroissial fort indigent à l'époque.

 

            Il ne reste rien du confessionnal d'alors ni de l'harmonium, don de Monsieur Martial BOURZAC en 1876. Quant à la chaire, elle vient d'être rénovée et remise en place.

 

L'église est riche de 5 tableaux qui ont été inscrits sur l'inventaire supplémentaire des objets mobiliers classés parmi les monuments historiques en 1994 et rénovés entre 2000 et 2004.

 

La Sainte Famille

              Le plus ancien tableau de l'église.

          Il représente la Sainte Famille (Jésus, Marie et Joseph) entourée de trois anges et a été béni par le Curé Jean FLEURAT le 26 novembre 1771 en même temps que le tabernacle.

On n'en connaît pas l'auteur.

 

Saint Vivien

             Le plus grand tableau.

             Représente saint Vivien évêque avec les attributs de sa fonction.

       Il a été donné par Hubert LAROCHE le 1er avril 1803. C'était le régisseur du château, ancien serviteur des demoiselles LA LAURENCIE (Noël-Bertrand de LA LAURENCIE, propriétaire du château, ayant eu 15 enfants dont 6 filles – 4 prénommées Marie et 2 Marie-Anne).

            Son auteur est François NICOLLET, né à PARIS en 1762, décédé à ANGOULEME en 1833. Peintre à l'œuvre diversifiée : décoration de la salle de la Comédie en 1880 (théâtre d'ANGOULEME) et décors du Barbier de Séville pièce inaugurale… nombreux tableaux de saints patrons d'églises de l'Angoumois…

 

L'adoration des mages donné par l'Empereur 1858

            Daté et signé dans l'angle inférieur droit : "Léon FAURE d'après PP RUBENS (1574-1640) 1858".

            Peintre, copiste, élève d'Eugène DELACROIX, né en 1779 à TOULOUSE, ayant vécu à Paris. Décédé en 1887.

           Le tableau original qui se trouve au musée du Louvre avait été peint en 1626-27 pour l'église du couvent des Annonciades à BRUXELLES.

 

Les pèlerins d'EMMAÜS donné par l'Empereur 1858

            Signé C. PRUCHE d'après TITIEN (1488-1576).

            Sur le châssis : "pour M. PRUCHE, 16 mars 1858."

           Clément Pruche est un peintre de genre, aquarelliste, graveur, dessinateur, caricaturiste. Il était élève d'INGRES et a vécu au 19ème siècle.

            Le tableau représente l'apparition du Christ à deux de ses disciples, le jour de sa résurrection, à EMMAÜS.

C'est la copie grandeur nature du tableau peint par TITIEN vers 1530 qui se trouve aussi au musée du Louvre.

 

La descente de croix

              Cette œuvre rassemble deux techniques : la peinture à l'huile pour la toile et l'ébénisterie pour le cadre.

            Son auteur est Jean François Auguste LAUGIER, peintre parisien très prolifique, né en 1814 à Toulon, élève de Paul DELAROCHE.

            Le tableau est la copie de celui réalisé vers 1651 par Eustache LE SUEUR (1617-1655) pour l'autel de la famille LE ROUX à l'église Saint Gervais à PARIS, l'original étant également exposé au musée du Louvre.

            Le cadre effectue la transition entre le rond de la toile (tondo) et le carré du tableau. C'est un petit chef-d'œuvre d'ébénisterie avec ses fins feuillages aux 4 coins et le liséré circulaire mis en valeur par la redorure effectuée, comme pour les autres tableaux, en 2004, par l'atelier GARNIER, à GOURVILLE (Charente).

           

           Cette restauration a permis de découvrir sur une feuille glissée entre la toile et le cadre une inscription selon laquelle tous les cadres des tableaux de l'église avaient déjà été restaurés en 1898 : "Tous les cadres de l'église ont été redorer (sic) dans la Maison Fraisse Angoulême. Mr Jules Satin apprêteur. Mme S. Lacroze doreuse. Victor Decaud apprentie (sic). J. Vallat encadreur qui est venu à Charras le 29 Xbre 1898 pour replacer tous les tableaux".

 

Origine des 3 derniers tableaux

        Contrairement à ce que pourrait le laisser entendre l'inscription "donné par l'Empereur - 1858", les deux tableaux qui portent cette mention ainsi que "la descente de croix" ont une origine moins directe.

 

            C'est vers l'ancienne abbaye de Beaulieu à ANGOULEME qu'il faut se tourner, dans les locaux de laquelle s'installe en 1800 l'école Centrale qui deviendra collège communal puis collège royal. Les locaux étant trop vétustes, leur démolition est décidée et un nouveau bâtiment édifié entre 1844 et 1846 par l'architecte ABADIE. En 1848 le collège royal est appelé lycée, lequel prend le titre de lycée impérial en 1852. C'est à lui qu'ont été donnés les tableaux par Napoléon III... Aujourd'hui, c'est le lycée GUEZ de BALZAC.

            En 1867, les bâtiments sont agrandis et une nouvelle chapelle est construite. A cette période, le proviseur est Martial BOURZAC, qui habite CHARRAS, dont il est le maire.

On a été amené à penser que, pendant les travaux d'agrandissement et la construction de la nouvelle chapelle, il a jugé préférable de mettre ces tableaux à l'abri en les confiant à l'église de son village… où ils se trouvent toujours.

 

Sept vitraux, qui viennent d'être restaurés (2018) par l'atelier PINTO de TUSSON (Charente), éclairent la nef et le choeur. Ils datent du XIXème siècle. Quatre ont été offerts par les Dames de l'Association (oeuvre charitable ?), du temps où Léon ANGLES était curé (1876-1887). Le premier, ouvert sur le mur droit de la nef, représente Saint François Xavier (1506-1552). Un peu plus loin, toujours à droite. Saint Aloysius (Saint Louis de Gonzague 1568-1591). A droite, dans le chœur, Saint Léon XIII. Un vitrail offert par Pierre Emile NOËL représente Saint Pierre et est situé à gauche du chœur. Le seul ouvert dans le mur nord de la nef, représente Saint Jean Apôtre. Dans la chapelle qui lui est dédiée, un vitrail représentant la Vierge, Immaculée Conception, a été offert en 1875 par Monsieur de THIAC (propriétaire de l'Abbaye de Grosbot). Enfin, le Sacré Coeur de Jésus figure sur le vitrail surmontant la porte.

 

Un joli chemin de croix polychrome, peint sur métal, avec décor en bois ouvragé décore les murs. Il a été offert par Monsieur de SAINT ALARY, ancien propriétaire du château.

 

Les statues, de style saint Sulpicien, ne présentent pas d'originalité en dehors de Saint Louis de Gonzague qui n'est pas vénéré dans notre région, Saint Vivien, Saint Evremond (troisième prénom de Monsieur de SAINT-ALARY, propriétaire du château et bienfaiteur de l'église vers 1875-1895) et de la petite statue représentant l'Enfant Jésus de Prague.

 

L'autel en marbre blanc a été restauré en 1936 grâce au don de Madame METZL, en souvenir de son mari, et consacré la même année par Monseigneur MEGNIN, Evêque d'ANGOULEME, Monsieur l'abbé FROI-DEFOND étant curé de la paroisse.

 

De la voûte pendent trois lustres différents mais de même facture, en métal doré, ciselé, incrusté de verroterie, récemment restaurés à titre gracieux par Monsieur MAIZIERE, ancien maire de CHARRAS. On peut observer une progression dans leur volume, de la porte vers l'autel, vers le Christ qui est Lumière du Monde...

 

L'horloge, donnée à l'église en 1880, possède une petite cloche de 35 cm de diamètre, fondue en 1867 par BURDIN Aîné, fondeur à LYON et qui porte comme inscription "ROMANET Frère à ANGOULEME" ainsi que le dessin d'une vierge et d'une croix du Saint Sacrement. Elle vient d'être réparée et automatisée.

 

La cloche, qui sonne le "la", a été commandée le 13 juin 1879 à Emile VAUTHIER (fondeur à SAINT-EMILION en Gironde) en remplacement de celle qui la précédait et ne répondait plus aux besoins du culte. Elle a été bénite le 14 septembre 1879 et appelée Louise Joséphine Amélie. Elle pèse 798 kg.

 

©Association CHARRAS D'HIER ET D'AUJOURD'HUI – juin 2013

 

Reproduction interdite sans mention d'origine


Charras - Charras d'hier et d'Aujourd'hui - Eglise Saint-Vivien - Eglise fortifiée - Voûte - au dessus de la nef
Au dessus de la nef
Charras d'Hier et d'Aujourd'hui - Charras - 16 - Eglise - Cloche - Louise-Joséphine-Amélie - charpente - chemin de ronde
Cloche de l'église (Louise Joséphine Amélie) avec sa charpente
Charras - Charras d'Hier et d'Aujourd'hui - Eglise Saint-Vivien - Eglise fortifiée - Chemin de ronde - Machicoulis
Chemin de ronde & machicoulis occultés

François NICOLLET et le tableau de Saint Vivien

 

Lors d'une visite estivale à Saint-Amant-de-Boixe il y a quelques années, la découverte du tableau de saint Amant, œuvre du peintre Nicollet, sur un mur du transept sud de l'église abbatiale, nous avait donné l'impression de déjà vu, de familier et très proche…

 

Effectivement, parmi les cinq toiles qui contribuent à la richesse ornementale de notre église à Charras, celle représentant son saint patron, Saint Vivien, a été réalisée par le même artiste.

 

De quoi nous donner envie d'en connaître plus sur ce peintre, ses œuvres, notre tableau et de faire partager le fruit de nos recherches !

 

Les Nicollet

Nicollet (alias Nicolay, Nicolet) évoque avant tout le nom d'une dynastie d'artistes, avec André-Joseph, peintre né à Vevey (Suisse) en 1714, ayant abjuré la religion protestante en l'église Saint Désiré de Lons-le-Saunier en 1748, marié avec Catherine Guérin et attaché aux Menus-Plaisirs du roi Louis XV(1). Arrivé vers 1775 à Angoulême, il devient l'organisateur "recherché, indispensable, officiel de toutes les fêtes religieuses et profanes", apprécié pour les feux d'artifice qu'il compose pour les réjouissances publiques. Le 7 février 1782, il est inhumé dans le cimetière de l'ancienne paroisse Saint Jean.

 

Son principal collaborateur était son fils François, né à Paris en 1762, décédé à Angoulême le 5 août 1833, dont l'oeuvre retiendra plus notre intérêt. Celui-ci épousa le 14 janvier 1783 en première noce Marie Ancelin puis, en seconde, Marie Valtaud et eut plusieurs enfants, entre autres François né en 1784, qui collabora avec son père, mais ne paraît avoir été que fort médiocre peintre.

 

François Nicollet (père) fut un peintre à l'œuvre diversifiée, qui ne rechignait pas au labeur. En 1780, âgé de dix huit ans, il entreprit avec René-Humanité Philastre la décoration de la salle de la Comédie (premier théâtre d'Angoulême) ainsi que le décor du Barbier de Séville de Beaumarchais, pièce qui inaugura le théâtre le 24 juin de la même année. Il réalisa tout au long de sa carrière de nombreuses toiles de fond et décors

pour diverses pièces. On connaît aussi de lui des copies, des natures mortes, des paysages, des décors de paravents, des dessus de portes pour les maisons bourgeoises... Dans une collection particulière alsacienne on trouve deux dessins à la plume réalisés vers 1810, signés Nicollet, portraits de profil de Charles Frédéric 1er Oesinger (ancien maire de Strasbourg et député) et de Charles Frédéric II Oesinger.

 

Le registre des délibérations du Corps de Ville(2) d'Angoulême comporte de nombreux mémoires de frais payés pour des travaux réalisés lors de la célébration de la naissance de Monseigneur le Dauphin en 1781, pour la fête du 4 novembre de l'An I, pour le char de triomphe de l'An II, pour des bannières, des inscriptions, des peintures exécutées à l'occasion des diverses fêtes de la toute nouvelle république. Pour la fête du couronnement de l'Empereur, Nicollet fit aussi des "ouvrages de son art", de même pour la fête donnée au passage de S.A. Royale Monseigneur le duc d'Angoulême en 1814…

 

Pendant longtemps, il eut son atelier dans un hôtel de l'actuelle rue Marengo, bâti vers 1750 et ayant appartenu à un certain Forgeron, marchand quincaillier de l'époque.

 

François Nicollet, peintre religieux

François Nicollet est connu également comme peintre de sujets religieux. En 1890, Emile BIAIS(3) nous précise que "dans la plupart des églises de l'ancien Angoumois, on trouve encore, bien délabré d'ordinaire, le "saint" de la paroisse figuré par François Nicollet. On peut citer, entre autres localités dont les églises possèdent des peintures de Nicollet : Richemont, Châteauneuf, Angoulême."

 

            Plusieurs de ses œuvres ont heureusement été sauvegardées, même rénovées comme notre Saint Vivien, d'autres ont sûrement disparu à jamais, certaines peuvent demeurer ignorées car toutes ne sont pas signées. Néanmoins, nous en avons recensé une dizaine…

 

*ANGOULEME – Cathédrale Saint-Pierre

Saint Laurent (1827)

tableau – toile hauteur = 120 cm – largeur = 150 cm

 

*ANGOULEME – Eglise Saint-André

          1- Saint Antoine ermite

tableau – toile h = 160 – la = 130

          2- Baptême de Jésus Christ (1814)

tableau – toile h = 160 – la = 120 (provient de l'ancienne église Saint-Jean)

 

*CHARRAS – Eglise Saint-Vivien

              Saint Vivien (1803)

inscription : "sanctus vivianus - Hubert Laroche ancien serviteur des demoiselles de la Laurencie le 1er avril 1803 -  Nicollet"

tableau – toile h = 300 – la = 180

 

CHATEAUNEUF – Eglise Saint-Pierre - à vérifier

 

*FOUQUEURE – Eglise Saint-Etienne, ancienne commanderie des templiers

Saint Etienne à genoux reçoit d'un ange une palme

sur cartouche : "peint à Angoulême en 1819 par Nicollet"

           tableau – toile h = 212,5 – la = 146,5 (détruit vers 2005)

 

*PILLAC – Eglise Saint-Aignan

          1- Saint-Aignan

inscription : "Saint Anian notre patron, priez pour nous, jubilé 1806, Lachaume curé. Nicollet, peintre à Angoulême"

tableau – h = 280 – la = 200

         2- Assomption de la Vierge

inscription : "Ste Mère de Dieu, priez pour nous, jubilé 1806, Lachaume curé. Nicollet, peintre à Angoulême"

tableau – h = 300 – la = 200

 

RICHEMONT – Eglise Saint-Georges - à vérifier

 

*SAINT-AMANT-DE-BOIXE – Eglise Saint-Amant

Saint Amant

inscription : "Sanctus Amantus, ora pro nobis"

tableau – toile h = 220 – la = 170 restauré en 1998

 

*VERDILLE – Eglise Saint-Cybard, ancien prieuré

Saint Cybard, évêque, sur fond de paysage (château)

signature :"Nicollet peintre / Angoulême 1808"

tableau – toile h = 154 – la = 122

 

VERVANT – Eglise Saint-Georges, ancien prieuré

Saint Georges terrassant le dragon

 

            On peut signaler également dans l'église paroissiale Notre-Dame (Cloître des Lazaristes ou des Prêtres de la Mission) de RICHELIEU (Indre-et-Loire) un tableau appartenant au retable de l'autel majeur représentant l'Assomption de la Vierge (h = 347 – la = 202) qui est une copie par François Nicollet du tableau de Charles LAMY pour le couvent des Dames de la Charité du refuge à la Riche, près de TOURS daté de 1734. Il y aurait   un autre tableau à découvrir à PERIGUEUX…

 

Ses tableaux religieux sont tous de même facture ; ils présentent des points communs que nous évoquerons plus loin, qui devraient permettre à celui qui aurait le temps et la patience d'effectuer un inventaire du patrimoine iconographique des églises de Charente d'identifier, sans trop de difficultés, les œuvres issues de son talent.

 

Le tableau de Saint Vivien de l'église de Charras

         Inscrit sur l'inventaire supplémentaire à la liste des objets mobiliers classés parmi les monuments histori-ques le 25 février 1994, c'est le plus grand des tableaux de notre église avec ses 3,20 mètres de haut sur 1,80 m.

 

Il est accroché sur le mur sud de la nef, juste à l'entrée de l'église, en vis-à-vis du tableau de l'Adoration des mages qui fera, avec celui représentant les Pèlerins d'Emmaüs (tous deux également "dons de l'Empereur, en 1858"), l'objet d'une prochaine chronique.   

         

Il a été restauré à l'occasion de la dernière campagne de restau-ration générale de l'église, courant 2002, par Marie BÉGUÉ (peinture) et l'atelier Garnier de GOURVILLE (cadre).

 

Le tableau représente Saint Vivien évêque, avec les attributs de sa fonction (crosse, mitre, croix pectorale, gants gris et souliers blancs). Sa chape vermeille brodée d'or, son surplis bordé de dentelle et sa soutane répondent à la "mode" ecclésiastique en vigueur au XVIIIème, alors que le saint vécut au IVème siècle… C'est une des "signatures" de Nicollet.

 

 

L'inscription "SANCTUS VIVIANUS" identifie le personnage et la signature "Nicollet pictor(4)" en bas, à droite, renseigne sur l'artiste.

 

 

A gauche, en arrière plan, on voit une église avec un petit clocher pointu, édifiée au bas d'une ville située sur une hauteur, défendue par une enceinte, ville que j'identifierai à Angoulême avec le clocher de l'église Saint Martial, la tour Prein de l'ancien châtelet et les maisons du rempart nord, vue depuis le quartier de l'Houmeau, l'église étant l'ancienne église Saint Jacques avant sa reconstruction entre 1838 et 1843. Cette vue ainsi composée est une autre des "signatures" du peintre.

 

 

Toujours en arrière, à droite, un cavalier, descendu de son cheval, met un genou à terre devant un cerf qui porte un Christ en Croix au milieu de ses bois "rayonnants". C'est Saint Hubert, devant l'apparition du Christ, en hommage au donateur, comme précisé en dessous : "Hubert Laroche ancien serviteur des demoiselles de La Laurencie le 1er avril 1803"

 

Qui était cet Hubert Laroche ? L'acte de décès de Marie de La Laurencie dite des Riffauds, publié dans notre bulletin n° 42 nous confirme qu'il a été "domestique des Citoyennes La Laurencie" et nous apprend qu'en novembre 1793, il était âgé de 66 ans. Il décède le 22 mars 1810, âgé "d'environ quatre vingt dix ans". Nous n'en savons pas plus… Cependant, ce n'est pas avec ce que gagne un simple serviteur qu'il a pu faire réaliser un tableau d'une telle ampleur, à moins qu'il n'ait été "couché" sur le testament de la demoiselle des Riffauds, décédée sans descendance connue ? Nous ignorons ses motivations… mais nous pensons qu'il a dû être fier de la toile exécutée par François Nicollet.

 

Quant aux demoiselles de La Laurencie, il s'agit certainement des nombreuses filles qu'eut Noël Bertrand de La Laurencie, chevalier, marquis de Charras et de Neuvic, baron de la Seurre, seigneur des Riffauds et du Bourg Clavaud… de son union en secondes noces avec Marie Paulte. Les généalogistes de cette famille lui reconnaissent quinze enfants dont au moins six filles :

- Marie, née le 28 février 1736

- Marie Anne, née le 24 janvier 1747, dite Mademoiselle de Neuvic

- Marie, née le 19 juillet 1750, dite Mademoiselle de Seurre

- autre Marie appelée Mademoiselle de La Laurencie

- Marie-Anne la jeune, née le 10 avril 1753, dite Mademoiselle du Breuil

- autre Marie, née le 11 août 1754, dite Mademoiselle des Riffauds.

 

 

Enfin pour revenir aux "signatures", si nous juxtaposons quelques toiles du maître les similitudes nous sembleront évidentes (grande taille du tableau, attitude du personnage, composition du dessin, arrières plan...)

 

 

 

 

François Nicollet bien qu'un peu oublié aujourd'hui, fut l'un des peintres réputés de Charente, de la fin de l'Ancien Régime à la Monarchie de Juillet. Avec le "pétillant de son coloris et la verve de sa brosse" il a laissé une œuvre à redécouvrir.

                                                

                                                                                                                     Jean-François GALLET        

 

 

(1) Administration chargée de la gestion de la Maison du roi (cérémonies, fêtes,

    voyages…)

(2) Équivalent de notre actuel conseil municipal

(3) Ancien archiviste municipal d'Angoulême

(4) Peintre (en latin)

*tableaux répertoriés dans l'inventaire général du patrimoine culturel (ministère de la culture, base Palissy)

 

Sources :

-          Florent GAILLARD – François Nicollet, un peintre charentais oublié - Revue JADIS n°6 – octobre 2007

-          Emile BIAIS – Les artistes angoumoisins - Réunion des sociétés savantes des départements – 27 au 31 mai 1890

-          Angoulême, monuments disparus – Via Patrimoine – novembre 2005

 

                                                                                                           -o-O-o-

 

Depuis l’article qui précède, rédigé pour notre bulletin de décembre 2011, nous avons poursuivi notre quête concernant les tableaux peints par François NICOLLET et avons effectué quelques découvertes…

 

COMBIERS – Église Saint-Fiacre, Saint-Pierre

                Registre des délibérations du Conseil municipal : « Le 7 thermidor An 13 (26 juillet 1805), le tableau de Saint-Rémy réalisé par le citoyen NICOLLET, peintre à ANGOULÊME, a été accroché au maître autel de l’église ». (Le patron de l’église à l’époque n’était pas St Fiacre mais St Rémy).

                Ce tableau est aujourd'hui absent de l'église...

 

CURAC – Église

                La Sainte Trinité

 

MANSLE ?

 

PÉRIGNAC – Église Saint Gervais - Saint Protais

                Le Christ en Croix, entouré de Saint Gervais et Saint Protais  (1824)

                tableau – toile h = 350 – la = 215

                tableau rénové et raccroché le 5 octobre 2013

 

PÉRIGUEUX

 

PRANZAC – Église Saint-Cybard

              Saint-Cybard 1810

inscription : "Saint Cibard, ora pro nobis"

tableau – toile h = 160 - la = 150 

tableau rénové et raccroché le 7 juillet 2016

 

 

 

 

 

Charras d'Hier et d'Aujourd'hui - Charras - 16 - Eglise de Charras - tableau représentant Saint Vivien, saint patron de l'église
tableau de Saint Vivien
Charras d'Hier et d'Aujourd'hui - Charras - 16 - détail du tableau de Saint Vivien - signature du peintre Nicollet - pictor = peintre
signature Nicollet pictor (peintre)
Charras d'Hier et d'Aujourd'hui - Charras - 16 - détail du tableau de Saint Vivien se trouvant dans l'église de Charras
détail du tableau de St Vivien
Charras d'Hier et d'Aujourd'hui - Charras - 16 - Tableau de St Amant se trouvant dans l'église de St amant de boixe
Saint Amant
Charras d'Hier et d'Aujourd'hui - Charras - 16 - tableau de St Antoine se trouvant dans l'église St André d'Angoulême
Saint Antoine